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lundi 19 mai 2014

Suite de l'article « Une source historique passionnante et utile: les cartes postales »

A la suite de la publication de notre article sur l'intérêt des cartes postales, j'ai été interpellé par certains lecteurs sur la pertinence ou non d’élaborer une analyse sur l’ensemble de la France, il y a une cinquantaine d’années à partir d’un lieu et de quelques cartes postales.

J’ai donc cherché à savoir si dans d’autres villes ou d’autres endroits à Paris des cartes postales avaient été publiées. La réponse est positive. Les plus connues sont celles des Tuileries à Paris avec le charmeur d’oiseaux et la nourrisseuse de la place des Terreaux à Lyon[1].
                     
Mais d’autres cartes postales moins connues sont aussi intéressantes, car prises dans différentes villes, à des périodes différentes.

Cartes postales à Bordeaux sur la place de la Tour Puy-Berland.



La première de ces cartes postales a été envoyée en 1942[2]. On peut penser que la photo a été faite dans les années 30, en tout cas avant-guerre. Elle montre devant l'église des femmes et enfants auprès d'un groupe de pigeons. Une des  personnes donne à manger à ces oiseaux. Nous sommes en période de guerre avec des restrictions alimentaires draconiennes et pourtant des personnes nourrissent les pigeons.

La seconde carte postale datée des années 50 montre des pigeons au même endroit. À droite de la carte postale, un homme donne à manger aux pigeons qui sont tournés vers lui.

Carte postale de la ville de Toulouse

Cette carte postale de la ville de Toulouse[3] montre une femme nourrissant une centaine de pigeons devant la cathédrale Saint-Étienne. Le cachet de la poste indique l’année 1968. Par contre, les voitures au fond devant la cathédrale date en fait la photo plutôt aux années trente. 
                            
 


Ces différentes photos attestent que les pigeons à cette époque étaient totalement intégrés dans la ville et cohabitaient sereinement avec les habitants. La question des nuisances était alors placée au second plan.

Certes, autour des années 50, les pigeons sont moins utiles à l’homme dans le domaine agricole : leurs fientes étant remplacés par les engrais chimiques. Quant à la consommation de viande de pigeons, très marginale au XIXe siècle, elle est totalement supplantée après la deuxième guerre mondiale par la consommation de poulet. Néanmoins, ces oiseaux sont alors encore reconnus comme utile pour l'armée comme messagers et bénéficient de l'image positive de la colombophilie.

Mais, si le rôle du pigeon et son utilité se fragilise à cette époque, les photos présentées ici montrent la relation forte, on peut parler d’une relation compassionnelle des habitants de l'époque envers les pigeons. En effet, le rôle joué par les nourriciers est reconnu comme un acte civique. Loin d'être interdit le nourrissage des oiseaux est même recommandé entre autre en hiver. Dernier élément expliquant la bonne cohabitation en ville des pigeons et des riverains: le jeu. Sur toutes les photos et cartes postales à notre disposition, nous observons que le moment du nourrissage, au-delà de l’acte compassionnel, constitue aussi un moment de détente où le nourrisseur et le public s'amusent avec les pigeons ou admirent les envolées.

Prendre en compte ces deux aspects de la relation entre les hommes et ces oiseaux permet de comprendre pourquoi, soixante ans après les interdictions de nourrissage et campagnes d'euthanasies, le nourrissage sous d’autres formes certes existe toujours et pourquoi autant de personnes jeunes et moins jeunes continuent à nourrir les pigeons.




[1] Deux cartes postales :
Lyon, Place des Terreaux- Les pigeons apprivoisés- E.R. Editions inconnue, numéro de référencement 397. Date approximative début du 20ème siècle. Le tirage est en noir et blanc. Collection personnelle.
Paris, Le charmeur d’oiseaux aux Tuileries. Editions inconnue, sans numéro de référencement. Date approximative début du 20ème siècle Le tirage est en noir et blanc. Collection personnelle.
[2] Editions inconnue, sans numéro de référencement. Le tirage est en noir et blanc. Collection personnelle. Cachet de la poste 23/07/1942.
[3] Société des Cartes Postales APA-POUX Albi. Editions inconnue, numéro de référencement 7. Le tirage est en noir et blanc. Collection personnelle.

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