Une
source historique passionnante et utile:
les cartes postales
Mes
recherches couvrant la période du milieu du XIXe siècle à nos jours, j'utilise
différents matériaux : bulletins d’associations, ouvrages d’époque, etc… La
diversité des sources à disposition de l'historien ne cesse de croitre d’où l’impérieuse
nécessité de garder une attitude critique sur les sources à notre disposition.
Il
est un matériau que j'affectionne particulièrement : les cartes postales. En effet, les cartes postales sont les témoins
d'une époque qui nous racontent beaucoup de choses pourvu qu’on sache les lire
sous tous les angles.
J'ai
eu la chance de rencontrer Gabriel
Gourin[1], ancien
président de la Fédération Française de Philatélie et ancien vice-président de
la Fédération Internationale de Philatélie. Cet érudit collectionneur a appris à l’historien non collectionneur que je suis à décrypter ces matériaux que
sont les cartes postales. Les trois dernières années de sa vie, alors qu’il
était immobilisé chez lui, nous avions tels des gamins, le jeu suivant.
J’allais dans des brocantes, j’y achetais des lots de cartes postales à bas
prix. Revenu chez moi, je frappais à la porte de mon voisin, Gabriel, ensemble
nous faisions le tri de nos nouveaux trésors. On séparait les cartes postales
avec des animaux des autres et le maître commençait sa conférence. Pour
exemple, un jour Gabriel me montre une carte de la ville de Lisieux et me
demande si je vois une particularité. Sans réponse de ma part, il
m’explique : « regarde bien, cette carte est intéressante car elle la
période où des travaux ont été réalisées à la cathédrales. Ici on voit le
panneau indiquant les travaux. Les collectionneurs recherchent ce genre de
cartes ». Une fois le tri réalisé chacun de nous gardait les cartes qui
l’intéressaient. Les autres cartes, j’allais les revendre dans des brocantes
pour en racheter d’autres. Et celle de Lisieux fut ainsi vendue à un
collectionneur à un prix intéressant.
Au-delà
de l’anecdote, Gabriel m'a appris à lire toutes les informations nécessaires et
à voir ce qu'ordinairement nous ne voyons pas.
Un
exemple : quelques cartes postales de l'hôtel de ville de Paris
Ces
cartes trouvées avec Gabriel n’ont rien d'original en apparence. Nous voyons l'ancienne
place de l'hôtel de ville telle qu'elle
était dans les années 1950[2].
Les
voitures de types Citroën traction avant et Renault 4 CV datent approximativement
la photo aux alentours de cette période et le cachet de la poste est daté du 30
mars 1950.
Une
observation plus approfondie (en zoomant la carte postale), dans la partie
basse à droite, nous montre une centaine de personnes entourant la partie
gazonnée de la place, ils portent leur attention a priori sur des pigeons au
nombre d'environ 200. Les citadins et les oiseaux cohabitent visiblement très
bien. Nous voyons aussi bien des hommes que des femmes et aussi des enfants.